Atelier d’échanges entre les responsables des médias et les chargés de la communications des ministères et institutions de l’Etat pour évaluer le degré d’accessibilité à l’information institutionnelle

Dans le cadre de l’amélioration de l’accès à l’information publique, le Conseil National de la Communication « CNC » a organisé en dates du 16 et 17 mai 2022 à l’Hôtel La Palmeraie de Gitega un atelier d’échanges entre les porte-parole des différentes institutions du Burundi, les responsables des médias et webmasters sous le thème central « Atelier d’échanges entre les responsables des médias et les chargés de la communications des ministères et institutions de l’Etat pour évaluer le degré d’accessibilité à l’information institutionnelle » . Cet atelier a débuté le 16 mai à 10 h par une prière et l’hymne national entonné par les participants. Il a été ouvert par la Présidente du Conseil National de la Communication, Madame L’Ambassadeur Vestine NAHIMANA.

Dans son discours d’ouverture, elle a fait savoir que cet atelier avait été organisé pour évaluer le degré d’accessibilité à l’information institutionnelle en vue de renforcer et définir le cadre de collaboration entre les chargés de communication des différentes institutions comme les ministères et autres et le monde médiatique.

Le Conseil National de la Communication attend des participants des recommandations visant à améliorer le degré d’accès à l’information par les médias, a dit la Présidente du Conseil National de la Communication. Revenant sur les recommandations des ateliers organisés antérieurement par le Conseil National de la Communication sur l’accès équitable à l’information par les médias tant publics que privés, elle a invité les participants à produire des recommandations qui sont de nature à améliorer l’accès aux sources d’informations.

Après l’ouverture de cet atelier, des présentations prévues ont débuté et des échanges ont été faits. Voici ci-dessous les trois présentations et les idées issues de ces échanges.

Des missions et du fonctionnement du Conseil National de la Communication

Cette présentation a été donnée par le Vice-Président du Conseil National de la Communication Monsieur Laurent Kaganda. Celui –ci a développé l’historique du Conseil national de la communication, ses fondements juridiques tout en soulignant que le Conseil National de la communication est un organe constitutionnel régi par une loi organique. Cette loi définit la force de cette instance de régulation en son article 275. Pour sa composition, elle constituée un bureau exécutif permanent de 5 membres élus au sein d’un comité central de 15 membres nommés par décret présidentiel. Le Présentateur a aussi parlé des grands chantiers du Conseil National de la Communication ; des forces et des faiblesses ; des difficultés rencontrées, des objectifs stratégiques et des perspectives d’avenir.

Pour ceux qui confondent le Conseil National de la Communication et l’ARCT, il a levé cette confusion en précisant que le Conseil National de la Communication régule les contenus médiatiques à posteriori et qu’il dépend du Cabinet civil du Président de la République alors que l’ARCT est une Agence de contrôle des télécommunications.

S’agissant des missions, le Conseil National de la Communication délivre la carte de presse, les accréditations et les autorisations d’exploitation des entreprises de presse.
A propos des difficultés et faiblesses, Monsieur Laurent Kaganda a regretté le fait que 5 commissions qui avaient été créées ne fonctionnent pas faute de moyens financiers. Cette insuffisance du budget alloué au Conseil National de la Communication empêche aussi l’implantation des antennes régionales pour réguler les médias émettant en dehors de Bujumbura.

Le rôle d’un chargé de communication et d’un journaliste et quelles relations entretenir entre deux

Cette présentation a été faite par Monsieur Jacques Bukuru, Directeur Général au Ministère de la communication, des technologies de l’information et des médias. Dans cette communication, le conférencier a d’abord fait savoir que la bonne partie des informations utilisées par les journalistes proviennent des fournisseurs d’informations ou chargés de la communication soit à la demande des journalistes ou à l’initiative de ces fournisseurs. Ces communicants sont des sources précieuses. Ils peuvent être des professionnels ou des communicateurs occasionnels. Ces derniers doivent expliquer comment les programmes et les politiques du gouvernement ont un impact sur la vie des citoyens. Il a rappelé aux participants que le communicateur est toujours au service d’un intérêt particulier (d’une institution) et que, pour mieux communiquer, il doit maitriser le rôle du journaliste. Celui-ci a, contrairement au communicateur, la mission de trouver l’information, la traiter et la mettre en forme pour la diffuser en vue de rendre les lecteurs, auditeurs plus conscients du monde dans lequel ils vivent. Ce qui interpelle le journaliste à sa responsabilité sociale.

Revenant ensuite sur les missions du communicant, Monsieur Jacques Bukuru a révélé à l’auditoire qu’entre communicant et journaliste il n’y a pas d’ « entre nous ». Il faut donc savoir communiquer sur les faits et essayer de dire la vérité ou une grande partie de la vérité.

Tout en ayant un sens d’humour, d’une énorme patience, d’une facilité d’élocution et de rédaction, etc., le porte –parole doit organiser de conférence de presse et des points de presse réguliers ou ponctuels. Il gère les demandes d’information de la presse, accorde des interviews, répond aux questions des journalistes et arrange les entretiens.

Ce présentateur est enfin revenu sur le rôle social ou la responsabilité sociale du journaliste. Celui-ci doit jouer correctement son rôle social en respectant les textes du métier qui l’oblige à être exact (exactitude de l’info), à être impartial (Impartialité) dans le traitement de l’information qu’il diffuse dans l’intérêt général.
Ainsi, a- t-il conseillé les journalistes, que pour mieux servir, le journaliste doit jouer son rôle en gardant toujours à l’esprit qu’il est au service des valeurs universels. De ce fait :
• Il doit dire sans nuire, montrer sans choquer. A ce niveau, l’objectif est d’informer et non d’impressionner
• Il doit informer sans condamner
• Informer sans décourager.
Il est donc inutile de ne diffuser des messages qui découragent la population

Le degré d’accessibilité à l’information institutionnelle : des défis et quelles solutions.

Cette dernière présentation a été donnée par Jérôme Niyonzima. Elle portait sur l’évaluation du degré d’accessibilité à l’information institutionnelle et les solutions à proposer. Ce conférencier a d’abord rappelé qu’il y a l’accès du public à l’information et l’accès du journaliste à l’information. A cela il a ajouté deux principes qui sont :

• Communiquer n’est pas répondre à toutes les questions mais seulement d’avoir la volonté de répondre
• Informer, ce ne pas diffuser toutes les vérités mais seulement de la vérité au service de la vie.

Pour ce consultant, l’information est caractérisée par la nouveauté, l’originalité, la véracité et l’exactitude. Parlant de l’information, il l’a comparée à l’eau qu’on puise dans une source et l’information se fait rechercher comme un trésor. De même, la source de l’information à l’image d’une source d’eau, elle peut tarir. Celle-ci, non entretenue, elle est vulnérable, polluée. Ainsi, pour lui, les sources d’information s’aménagent par formation, s’enrichissent par documentation, se valorisent par prestation. De toutes ces sources, la source humaine diffère des autres car elle est dynamique, malléable et flexible contrairement à un livre. Ces sources d’information peuvent être humaines, factuelles, documentaires.

A propos de l’information, il a tenu à souligner que c’est un droit au public d’être informé et ce droit est inaliénable. Par conséquent, a –t- il- dit, l’absence de l’information crée un climat favorable à la rumeur. L’Etat a donc le devoir de communiquer pour informer le peuple. Pour cette raison, les sources publiques doivent être plus disponibles.

Avant de terminer son exposé, il est revenu sur les cinq étapes d’une interview et dix secrets pour un grand succès. S’agissant, des cinq étapes, il a parlé de la préparation de l’interview, du cadrage de l’interview, du contrat d’interview, le choix des questions et la conduite de l’interview. Quant aux secret de réussir l’interview, il a conseillé aux journalistes de :

• Créer un climat de confiance en approchant l’interlocuteur avec douceur car le journaliste est en position de demandeur
• Mettre tous les atouts de son côté en préparant soigneusement l’interview
• Choisir la bonne stratégie : soit l’entretien directif qui est méthode agressive, soit l’entretien non directif ; soit l’entretien semi-directif avec des questions fermées.
• Choisir le bon endroit de l’interview
• Choisir le bon ton car l’interviewé n’est pas l’ennemi du journaliste
• Savoir poser des questions en commençant par des questions moins pointues et savoir relancer sans polémique
• Poser de bonnes questions qui sont claires et précises et recourir au besoin au guide d’entretien
• Refuser l’autocensure car le journaliste ne doit pas renoncer face aux esquives et refus de réponses
• Transcrire sans déformer puisque le recours à la magnéto ne dispense pas de prendre des notes
• Conclure sans ambiguïté en rassurant l’interviewé qu’il saura le sort de ses propos. Ceci évite tout malentendu.
C’est par ces critères de réussite d’une interview qu’il a terminé sa communication.

Dans les échanges qui ont suivi les trois communications, les participants comme Elie Bigirimana ont remercié et encouragé le CNC a organisé de tels ateliers ont posé différentes questions. Sur la question soulevée par un journaliste de Mashariki TV de présenter et de qualifier des gens de criminels à la télévision des criminels alors que la loi leur reconnait la présomption d’innocence, les conférenciers ont répondu que la responsabilité de montrer ces images incombe au journaliste et au porte-parole du ministère en charge de la sécurité.

Pour ce qui de l’inquiétude selon laquelle le gouvernement favorise la RTNB, le Conférencier Monsieur Jérôme Niyonzima a répondu que c’est normal car c’est l’organe de visibilité de gouvernement. Pour lui, ce qui serait anormal est de refuser de recevoir un journaliste d’un média privé cherche de l’information de sa propre initiative.

Quant à la problématique d’accès à l’information chez les chargés de communication dénoncée par certains journalistes présents, ceux-ci ont répondu que cela dépend de l’attitude des journalistes (langage et le ton) qui souvent posent des questions –pièges pour tester que leur interlocuteur maitrise le secteur ou qui ne respectent les titres des personnes à qui ils s’adressent.

Aussi, ils ont soulevé le fait que certains journalistes semblent travailler pour des médias autres que le journal pour lequel ils cherchent de l’information. La question de la tenue vestimentaire de certains journalistes a été dénoncée. L’autre défi qui a été signalé par certains porte-parole, c’est qu’il y a certaines hautes autorités qui aiment parler au nom des institutions qu’ils dirigent ou qui n’aiment pas faire des sorties médiatiques.

Recommandations.

Après un long débat d’échanges, les participants et les conférenciers ont procédé aux recommandations tenant en compte problèmes soulevés en vue de l’amélioration de l’accès à l’information. Ces recommandations sont :

• Tenir un atelier des seuls porte-parole pour échanger sur les défis du service de porte-parole. A ce sujet, la présidente du CNC trouve que ces porte-parole doivent avoir accès à tous les dossiers au même titre que l’assistant du Ministre et le Secrétaire permanent.
• Faire une formation à l’endroit des porte-parole sur les notions de journalisme car la plupart d’entre eux ignorent les pratiques journalistes et l’importance de communiquer.
• Organiser des formations au sein des rédactions à l’endroit des jeunes journalistes
• S’abonner aux sites web et aux pages Facebook de différentes institutions
• Mettre à jour la maitrise de l’information par les porte-parole
• Tenir des ateliers d’échanges avec les responsables administratifs provinciaux car ils sont eux aussi source d’information
• Pour les responsables des médias, bien décrire les évènements aux journalistes qu’ils envoient sur terrain.
• Aux journalistes, de patienter en cas d’épidémies ou autre information nécessitant du temps et analyses pour être confirmé
• De semer un climat d’entente et compréhension entre journalistes et porte- parole.

Cet atelier de haut niveau qui a permis aux deux parties, porte-parole des institutions et journalistes, d’échanger sur la manière de collaborer sur le terrain de la communication et de l’information s’est terminé mardi dans l’après dans un climat de bonne entente.

BAGENI Côme
Cadre du CNC